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Tapati Rapa Nui : Un voyage à travers la culture ancestrale fascinante de l’Île de Pâques

Compétitions héroïques, corps peints et danses éblouissantes : autant d'éléments de la culture ancestrale Rapa Nui brillamment préservés dans le cadre de ce festival qui promet de fasciner visiteurs et explorateurs. L'histoire, la préparation et l'héritage du Festival Tapati, l'une des principales célébrations de la Polynésie, ne font que souligner une culture locale soudée et attachée à son histoire.

Par Ladera Sur.

Tapati Rapa Nui

Chaque année, durant la première quinzaine du mois de février, les habitants de l’île de Pâques ou île Rapa Nui, qui signifie « Grande île », se réunissent pour célébrer le festival Tapati Rapa Nui. Cet événement fait revivre la grande tradition culturelle de l’île, où des familles locales donnent le meilleur elles-mêmes pour couronner une reine, dans le cadre d’une compétition conviviale et du partage des nombreuses traditions de l’île avec les visiteurs.

La célébration est le fruit d’une année de préparatifs ardus, de l’engagement des familles et de la population locale qui cherchent à respecter et à perpétuer la culture de cette île unique au monde au cœur de l’océan Pacifique.

Valorisation de la culture Rapa Nui

C’est en 1968 que l’île, théâtre naturel de volcans, d’eaux cristallines et d’imposants vestiges archéologiques voit naitre une fête marquée par la culture venue du continent. À ses débuts, le festival se veut une fête du printemps, célébrée au mois de septembre.

« Le festival a commencé comme une fête de printemps typique des villes rurales, autour du couronnement d’une reine. Ici, cette fête a été adoptée et adaptée comme une tradition insulaire, en incorporant et remaniant dans la société locale des concepts venus de l’extérieur et susceptibles d’être utiles ou bénéfiques pour le territoire », explique Cristián Moreno Pakarati, historien et expert de l’île de Rapa Nui.

 

Très vite, les habitants de l’île ont commencé à adapter les compétitions classiques du continent, comme les courses en sac et le mât de cocagne, à des pratiques typiques de la culture Rapa Nui, comme les compétitions de Haka Honu, consistant à nager en essayant d’imiter le mouvement des tortues ; ou le Haka Ngaru, consistant à glisser sur les vagues à grande vitesse à l’aide d’une planche confectionnée avec des matériaux de l’île tressés.

Peu de temps après, cette fête du printemps a officiellement changé de date et de nom. Elle serait désormais célébrée au mois de février et appelée Tapati Rapa Nui, dont le sens littéral est « Semaine Rapa Nui », ne conservant de la fête précédente que le couronnement de la reine et les épreuves.

« À partir de 1975, les épreuves ont commencé à revaloriser la culture ancestrale Rapa Nui grâce à l’ensemble Mata Tu’u Hotuiti, qui a entrepris de reprendre les arts du spectacle dans le style ancestral Rapa Nui, avec des costumes typiques et à partir d’anciennes traditions orales », explique Moreno.

Ce ne sont pas seulement les compétitions sportives, les costumes traditionnels et les récits anciens qui ont fait revivre le passé de l’île : le festival a également été l’occasion de mettre en valeur la gastronomie, la danse et l’artisanat propres à cette culture, comme la sculpture sur pierre, la sculpture sur bois, la création de couronnes et l’art du Kai Kai, consistant à recréer des figures en fil entre les doigts, ainsi que la peinture corporelle.

« La peinture corporelle, les compétitions extrêmes comme le Haka Pei, consistant à dévaler la pente de Maunga Pu’i, une colline à l’inclinaison presque verticale, sur des troncs de bananiers sont des traditions qui n’ont aucune raison d’exister dans une société moderne, mais qui sont toujours pratiquées parce qu’elles font partie de la culture locale, car ce peuple insulaire sait que son caractère exceptionnel repose sur sa culture et son patrimoine. Tout cela est lié au respect et à la reconnaissance de nos ancêtres, ce qui, grâce à Tapati, est perpétré dans le temps. En outre, le Festival Tapati a permis de revivre des choses qui avaient presque disparu », ajoute l’historien.

Tapati : un grand festival culturel

De nos jours, deux candidates au titre de reine mobilisent les habitants, qui les soutiennent en participant à des concours, jeux, danses et chorégraphies, confection de costumes, bijoux et couronnes. Chaque candidate dispose de représentants et de concurrents lors des différentes épreuves qui se déroulent sur ce territoire de collines et volcans entourés d’Océan.

« C’est une longue préparation de près d’un an, où les familles des candidates travaillent dur et préparent les épreuves, notamment les épreuves de danse, pour lesquelles l’île est divisée en deux groupes. Chaque ensemble assiste aux répétitions, qui commencent au moins un mois avant le festival. On peut également citer la création de chars allégoriques, ou encore les couronnes que chaque candidate fabrique elle-même, et les présentateurs qui doivent être à la hauteur de la chorégraphie et du spectacle », explique Mea-Mea Haoa Tuki, guide d’Explora à Rapa Nui et membre de l’équipe d’animation du Festival Tapati Rapa Nui.

Le couple de présentateurs du Festival joue un rôlé clé : c’est eux qui ont la grande responsabilité de représenter la culture Rapa Nui sur scène, de sorte que des semaines avant le début de la célébration, ils sont conseillés par des experts.

« Lorsque j’ai commencé à animer le Festival Tapati, le couple de maîtres de cérémonie était préparé un mois avant. Une experte en matière d’animation de spectacles nous a donné tous les conseils nécessaires pour une bonne prestation sur scène, devant un grand nombre de personnes », explique Haoa Tuki, qui a été animateur du Festival à quatre reprises, dont le Tapati 2022.

Outre toutes les compétitions sportives et artistiques, l’avant-dernier jour de la Tapati consiste en une présentation et un concours de chars, ou Nari Nari, qui se déroule dans les rues principales de Hanga Roa en direction de Hanga Vare Vare, le centre culturel de l’île.

« L’île se fige, car tout le monde participe à la fête, même les visiteurs et touristes, qui s’imprègnent de cette grande énergie et peuvent prendre part à la fête, notamment au moment du défilé de chars allégoriques, où ils sont invités à entrer en contact avec les traditions », commente le guide Explora.

Une occasion de s’immerger dans la culture Rapa Nui.

L’attrait pour la culture ancestrale Rapa Nui n’est pas un hasard, car son expression provient de concepts ancestraux ou liés à l’essence même de l’être humain. Selon l’historien Cristián Moreno Pakarati, ces concepts se retrouvent dans l’art et la créativité locale exprimés dans la Tapati.

« Grâce à ce festival, des traditions qui avaient presque été oubliées ou étaient sur le point de l’être, reprennent vie et il devient nécessaire de continuer à perfectionner ces pratiques qui étaient sur le point de sombrer dans l’oubli », explique l’historien.

Aujourd’hui, toujours plus de personnes s’intéressent à Rapa Nui, à son peuple et à son histoire, et trouvent dans le festival Tapati l’occasion idéale de participer à la culture locale, de célébrer le peuple Rapa Nui et de s’imprégner de l’énergie de la fête.

« Il est formidable de percevoir le dynamisme de la culture locale et d’observer à quel point les personnes qui viennent visiter l’île sont avides de la découvrir. La culture Rapa Nui a quelque chose de magnétique, car bien qu’il s’agisse d’une petite île peu peuplée, elle a réussi à devenir une icône de l’humanité », explique Cristián Moreno Pakarati.

Ce festival de deux semaines vise à montrer au monde la force de Rapa Nui et l’héritage de ses traditions. Il s’agit d’une expérience unique en son genre, qui nous permet de pénétrer dans une culture qui a commencé à se développer sur cette petite île paradisiaque en l’an 600.